Sauver un conifère devenant trop encombrant

Première pratique de Niwaki hors du jardin privé, bienvenue dans l’univers de mamy et papy qui me sollicitent pour avoir un avis avant de décider de couper ce « monstre » qui devient trop grand…

L’histoire commence donc ici lors d’une discussion concernant un conifère de plus de 15 ans qui devient de plus en plus encombrant, au point d’étouffer les plantes voisines. Plus de 3 mètres d’envergure, cela devient trop, et l’entretien est devenu délicat, trop haut, trop large, trop gênant pour les autres membres du parterre.

On est en 2015, et ce Juniperus a bien profité de son emplacement pour se développer dans toutes les directions.

Les branches basses ont vite été coupées afin de laisser un minimum de place aux autres plantes, mais cela ne suffit plus à contenir le conifère, qui grandit de plus de 20cm chaque année dans toutes les directions.

Les rares plantes qui résistent à son pied se tordent afin d’aller chercher la lumière, un beau taxus poussant en colonne (et complètement caché sur cette photo) se voit presque condamné à être étouffé si on laisse le Genévrier évoluer sans contrôle.

Papy est prêt à couper ce colosse pour sauver son Taxus, il y tient à son Taxus, donc que faire ?

La proposition faite me semble évidente: au lieu de couper ce conifère et de créer un trou béant, essayons de le structurer en nuages pour alléger son volume, amener de la transparence, mais surtout de la lumière aux plantes voisines qui retrouveront de la place et de l’énergie!

« Laissez-moi essayer, il sera toujours temps de décider de le couper si ma solution ne vous convient pas… ».
Nous serons vite d’accord pour tenter la démarche, même si je préviens que je ne créerai pas les « beaux nuages tout finis » dès la première année, il faudra patienter deux ou trois ans sans doute pour avoir une impression de maturité, un aspect plus fini. Ce délais se vérifiera encore cette fois.

La complexité du travail est présente pour moi selon 2 axes: la présence de troncs multiples depuis la base du conifère, et la taille! Près de 3 mètres, c’est une première pour moi à ce moment de mon cheminement.

Lors de cette première taille de mise en forme je travaille surtout le bas de la plante pour amener de la lumière au sol au maximum.
La photo ci-dessus permet de voir clairement le Taxus qui était menacé et le Laurier voisin que l’on voyait à peine de la porte d’entrée. Rien qu’en ayant dégagé la base du Juniperus, le parterre semble déjà plus équilibré, le début est encourageant avant même de préparer les premiers nuages.

Le gros défi est dans la partie aérienne: je me retiens de créer trop de vide, je veux voir comment la plante réagit à la taille, et je laisse donc le centre assez compact. Qui plus est, lors de la taille je mets en évidence la présence d’un nid tout en haut de l’arbuste, cela se respecte, on attendra bien un peu pour vider cette zone 🙂

Un an passe, 2016 à gauche, j’éclaircis fortement la partie supérieure et retravaille les nuages intermédiaires, on voit bien la plante se mettre en place et les nuages ont déjà donné leur bel effet lors de l’hiver 2015-2016.

Le travail de structuration se poursuit en 2017, photo de droite, et la sélection des nuages est pratiquement définitive après ces deux premières années de croissance. La densification des nuages a bien lieu, il est temps de se préoccuper de leur état de surface: travail plus minutieux, nuage par nuage…

Printemps 2019, notre Junipérus profite bien de sa nouvelle structure, le travail est devenu plus simple puisqu’il suffit de faire une ou deux tailles d’entretien par année, les nuages sont là, il reste à arbitrer parfois des choix entre des nuages concurrents qui se gênent, recréer de la transparence, gérer les vides et les pleins en veillant toujours à un équilibre quelle que soit la vue.

Le Taxus menacé il y a 4 ans a bien pris son envol, sa place est bien définie, la bruyère a pu retrouver des couleurs et le buis peut à nouveau mieux respirer 🙂

La silhouette générale est équilibrée, les soins annuels permettront de profiter encore de longues années de ce conifère que l’on n’envisage plus de couper !