Cela fait des années, depuis ma découverte du Jardin Japonais de Hasselt fin 2006, que les plantes structurées m’intéressent, tant leur impact graphique et esthétique est grand dans une composition de jardin. C’est en voyant les plantes se développer dans mon propre jardin que l’idée commence à faire son chemin: pourquoi ne pas « adopter » ce type de mise en forme dans ma réalisation privée?
C’est surtout depuis 2010 je me documente, de plus en plus, sur la taille des arbres et arbustes selon les pratiques Japonaises: tailler en nuages, en plateaux, mettre en valeur la structure des troncs par plus de transparence, créer des reflets de nature, donner à une plante une apparence plus mature…
Hors de question de se lancer dans ce type de travail sans mieux comprendre les techniques, le respect de la plante, la finalité de l’oeuvre qui est présente dans l’approche des jardiniers japonais.
Après bien des recherches, je découvre ce que sont les Niwaki, terme peu ou pas connu dans nos contrées. C’est ce mot qui représente à lui seul le sujet de la taille asiatique dans mon esprit.
Il suffit de se promener dans un jardin de style Japonais pour inévitablement pouvoir en observer, la mise en forme de Niwaki étant typiquement d’origine asiatique. Elle se pratique abondamment sur des plantes à feuilles persistantes comme les conifères, les buis, les houx, mais également sur des plantes à feuilles caduques telles que les érables, les charmes, les hêtres ou chênes. La liste n’est pas exhaustive…
Plusieurs conifères seront mes premières réalisations en pleine terre (après une première expérience sur un buis en pot):
Pour faire simple et en prenant un énorme raccourci, certaines personnes voyant cela pour la première fois me disent que ces réalisations sont comme des « bonzaïs en pleine terre« , du moins en ce qui concerne la forme ou l’apparence générale.
C’est très réducteur du concept, mais je comprends la comparaison, et cela me convient comme description sommaire de départ.
La notion de Niwaki est bien plus complexe que cela, et se base sur des principes de taille et de mise en forme précis, structurés, provenant de la pratique des jardiniers Japonais (et Chinois). Détailler cela n’est pas le but ici, mais je mentionne le terme Niwaki car cette notion est à la base de mes mises en forme et du cheminement que j’ai commencé depuis lors.
Un arbre, une plante structurée de la main de l’homme est un Niwaki.
En Europe, on rencontre surtout des tailles d’inspiration japonaise, principalement les arbres et arbustes taillés en nuages, mais les vrais Niwaki sont plutôt rares, les vrais maîtres dans cet art étant des jardiniers japonais. Mes réalisations sont donc d’inspiration japonaise, mais encore éloignées des Niwaki authentiques, je ne suis pas un maître japonais …
Ce sont pour moi des œuvres d’art végétales (des plantes mises en formes par la main de l’homme), peu d’ouvrages en parlent, mais on trouve tout doucement des livres et sites traitant du sujet.
S’il est un principe à garder à l’esprit, c’est que le travail de l’homme met en valeur la plante structurée en lui donnant une apparence de maturité, en créant une ressemblance graphique avec de vieux arbres. Le meilleur exemple que j’ai trouvé est celui des vieux pins, qui se structurent naturellement avec le temps en s’éclaircissant de l’intérieur et en gardant des masses de végétations sur les extrémités des branches, leurs branches se déformant parfois avec le poids de la neige, le vent.
Le résultat est semblable à cet exemple de pins vu dans les Alpes Maritimes, et qui a si bien inspiré mon logo (cfr la page ArtChiVert?):
S’il y a un livre à mentionner parce qu’il a influencé mon cheminement, un livre sur les Niwaki « à prendre avec moi si je dois partir sur une île déserte », c’est celui-là:
Niwaki (tout simplement), de Jake Hobson.
J’ai eu la chance de recevoir cet ouvrage pour mes 40 ans, alors que cela faisait 15 ans déjà que je me passionnais de plus en plus pour le jardin paysager en général. Le jardin japonais et les niwaki étaient déjà présents dans mon esprit (et mon jardin), mais sur base spontanée uniquement (par observation, par essai personnel et simplement bon sens), sans référence écrite à l’époque.
Se plonger dans l’ouvrage d’une personne qui, comme moi, ne provient pas d’un cursus horticole ou paysager au départ, a été un peu comme une révélation, son contenu m’a parlé personnellement et captivé plus que d’autres ouvrages.
Une belle découverte, illustrant bien que l’on n’est jamais vraiment seul dans ses expériences. On a l’habitude de dire que « cela n’arrive pas qu’aux autres », je reformulerais cela en disant que « cela n’arrive pas qu’à moi, il y en a eu d’autres avant moi, et il y en aura d’autres après »…
Si je devais citer d’autres références dans le domaine, je citerais sans hésiter Eric Borja, Frédérique Dumas, ou encore le Sakutei-Ki, mais je reviendrai sans doute par ailleurs sur ces modèles qui m’ont influencé.
Je partagerai dans ce blog diverses réalisations, relatant les premières expériences, les évolutions de ma pratique, que cela soit dans mon jardin privé ou pour d’autres personnes. Pour le plaisir d’en parler, pour le plaisir de les montrer et partager, même si aucune image ou texte ne peut remplacer la pratique ou l’observation réelle.
Ma première expérience sur une plante en pleine terre: un Abies Koreana, connu sous le nom de Sapin de Corée.
A la sortie du printemps 2013, 3 conifères du parterre en Lune commencent à s’étendre, au risque de se toucher. Leur structure trapue suggère elle-même la mise en forme possible.
La suite se trouve dans cet article du blog.